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La cyberintimidation et la cyberexploitation sexuelle dans la vie des filles et des jeunes femmes - Aperçu de l’atelier
Contexte
Les hautes et hauts fonctionnaires fédéraux, provinciaux et territoriaux responsables de la condition féminine ont collaboré pour organiser un atelier d'une journée sur la cyberintimidation et la cyberexploitation sexuelle dans la vie des filles et des jeunes femmes; l'atelier a eu lieu en octobre 2013. La cyberintimidation et la cyberexploitation sexuelle constituent des problèmes nouveaux et prioritaires dans de nombreuses administrations. L'atelier visait principalement à mieux connaître et comprendre la question par rapport à l'autoexploitation et à l'exploitation par des pairs, ainsi qu'à examiner des interventions prometteuses. Des universitaires, des jeunes et des hautes et hauts fonctionnaires ainsi que des représentantes et représentants du milieu scolaire, d'organisations non gouvernementales et des forces de l'ordre ont participé à l'atelier.
Un grand nombre d'intervenantes et d'intervenants de divers horizons – représentantes et représentants d'organisations locales et nationales, hautes et hauts fonctionnaires, universitaires et jeunes de tout le pays – ont mis en commun leurs connaissances tout au long de la journée. Les thèmes allaient de considérations relatives au respect de la vie privée et à la diversité aux points de vue des jeunes sur les diverses questions abordées, en passant par des initiatives de différents secteurs en matière de prévention et d'intervention.
Faits saillants
Certaines formes de cyberintimidation et de cyberexploitation sexuelle sont assimilables à de la violence sexiste.
- Soixante-sept pour cent des cas de cyberintimidation signalés à la police le sont par des femmes et des jeunes fillesNote de bas de page 1.
- Dans environ neuf cas sur dix (90 %), les victimes de leurre d'enfants sur Internet sont des fillesNote de bas de page 2.
- De la 6e à la 9e année, les filles signalent plus souvent être victimes de cyberintimidation que les garçons, et les taux de signalement de ce mode d'intimidation sont relativement constants chez les filles de tous les groupes d'âge visésNote de bas de page 3.
- Des scientifiques du projet ontarien The eGirls Project, qui étudient la relation entre le sexe, le respect de la vie privée et l'égalité sur les réseaux sociaux en ligne, ont souligné que les filles et les jeunes femmes sont plus susceptibles que les garçons et les jeunes hommes d'être confrontées à des réactions négatives de la part de pairs si une image intime les concernant circule en ligne.
- Une intervenante du Département de psychologie de l'Université Queen's a présenté de nouvelles données qui établissent un lien entre la cyberintimidation et un risque accru de suicide et de problèmes de santé mentale, et qui montrent que le risque de réactions intériorisées (p. ex. dépression, angoisse et repli sur soi) est plus élevé chez les filles.
Plus les enfants et les jeunes utilisent la technologie, plus la cyberintimidation et la cyberexploitation sexuelle, en particulier les sextos, augmentent.
- Le Centre canadien de protection de l'enfance, organisme caritatif enregistré qui propose des programmes et des services afin de réduire la violence faite aux enfants et de renforcer leur sécurité personnelle, reçoit des signalements concernant des sextos de la part de jeunes depuis 2005 et constate que ces signalements sont en forte augmentation depuis quelques années.
- En 2012, l'Unité de la pornographie juvénile de la Police provinciale de l'Ontario a enregistré 233 cas relatifs à des sextos, mais elle indique qu'il est très probable qu'il y en ait davantage, car beaucoup de cas ne sont jamais signalés à la police.
- Les lois actuelles relatives à l'autoexploitation et à l'exploitation par des pairs ne s'appliquent qu'aux personnes de plus de 15 ans et visent les adultes qui s'en prennent à des enfants, ce qui limite les mesures législatives et interventions policières relatives au sextage.
Pistes de réflexion
- À l'heure actuelle, il n'existe pas de définition et de critères communs pour cerner les cas de cyberintimidation. Or, ces éléments seraient utiles pour offrir un soutien efficace.
- La nouvelle technologie facilite différentes formes d'intimidation et expose d'autant plus les internautes à en être victime; cependant, les comportements intimidateurs sont loin d'être récents. Il faut se pencher sur le rôle et l'influence des normes sociales et des médias sociaux dans le contexte de relations inégales entre les sexes.
- Le Commissariat à la protection de la vie privée du Canada a insisté sur le fait que la question de la protection de la vie privée est importante, tout comme la protection des droits de l'enfant.
- Contrairement à ce qu'on pourrait croire, les jeunes semblent avoir une compréhension approfondie de la notion de protection de la vie privée. Il s'agit sans doute davantage de leur donner les moyens de bien évaluer les risques auxquels ils s'exposent par leurs actes.
- Beaucoup d'intervenantes et d'intervenants ont souligné combien il est important de tenir compte du genre, de l'orientation sexuelle et du milieu culturel (sans oublier les considérations relatives aux Autochtones, aux populations immigrées et réfugiées, etc.) en considérant les différentes expériences des différents groupes.
Les approches efficaces de prévention et d'élimination de la cyberintimidation et de la cyberexploitation sexuelle reposent sur des efforts multisectoriels aux volets multiples.
Les intervenantes et intervenants ont présenté les approches suivantes, qu'ils recommandent d'utiliser conjointement.
- Mettre en œuvre des programmes scolaires pour les jeunes de 12 à 14 ans (groupe d'âge avec lequel il est essentiel de parler de relations saines) ainsi que des programmes sur les questions visées tout au long du secondaire.
- Sensibiliser les enseignants, les écoles et les parents, en insistant sur l'établissement de relations saines et d'une bonne communication entre les jeunes et les adultes plutôt que sur la tolérance zéro (renvois et punitions) et les méthodes de surveillance.
- Faire participer les jeunes à la création de ressources et de programmes, et sensibiliser davantage en faisant intervenir des jeunes femmes pouvant donner de la formation et servir de modèles afin qu'elles inspirent d'autres filles et jeunes femmes.
- Mobiliser les partenaires au moyen de forums tels que les comités de travail interministériels, les modèles communautaires avec intervenants clés, etc.
- Proposer une solution globale qui nécessite des mesures législatives adéquates et une application efficace de la loi, mais aussi des études, des programmes communautaires, etc.
- Collaborer avec les entreprises qui conçoivent et gèrent les sites Web et les réseaux sociaux afin qu'elles comprennent mieux les enjeux, en mettant l'accent sur la cyberviolence sexiste, et afin d'explorer des solutions pour accroître la sécurité dans les médias sociaux.
- Mener des recherches supplémentaires qui nous aideront à comprendre les problèmes, à trouver des programmes fondés sur des faits et à proposer des changements législatifs afin de prévenir la cyberintimidation et la cyberexploitation sexuelle.
Pour comprendre et résoudre les problèmes, il est essentiel de demander aux jeunes ce qu'ils en pensent.
Le panel de jeunes a également souligné ce qui suit.
- La cyberintimidation est une forme réelle de violence sexiste et d'abus; il faut le reconnaître et en parler en ces termes.
- Il est essentiel que le respect et la compassion soient obligatoirement enseignés aux jeunes enfants.
- Les alliés adultes des jeunes, en particulier les parents et tuteurs de confiance, jouent un rôle clé dans la prévention et l'intervention.
- Il faut donner aux jeunes le droit d'exprimer leur sexualité. étant donné qu'Internet fait partie de la culture d'aujourd'hui – notamment chez les jeunes – il est important de promouvoir des modes d'interaction en ligne qui soient sains.
Notes de bas de page
- Note de bas de page 1
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Perreault, Samuel (dir.). 2011. Les incidents autodéclarés de victimisation sur Internet au Canada, 2009. Statistique Canada, p. 5. http://www.statcan.gc.ca/daily-quotidien/110915/dq110915c-fra.htm
- Note de bas de page 2
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Ibid., note de bas de page 1, p. 5.
- Note de bas de page 3
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Freeman, John et autres. 2011. La santé des jeunes Canadiens: un accent sur la santé mentale, Agence de la santé publique du Canada, p. 175. http://www.phac-aspc.gc.ca/hp-ps/dca-dea/publications/hbsc-mental-mentale/index-fra.php
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